07 Jan
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Frédéric R. est un homme malade. Dépressif, diabétique, victime de deux accidents vasculaires cérébraux, à l’entendre, c’est lui la victime. « Elle me pinçait les tétons et me mettait des coups de genoux dans les couilles. Vous savez, les violences faites aux hommes, ça existe aussi », se défend-il à la lecture des faits qui lui sont reprochés.

Pourtant, c’est bien lui qui a été convoqué, vendredi, devant les juges du tribunal correctionnel d’Auch pour des violences commises sur sa femme et sa fille, une adolescente née d’une précédente union. Le tribunal l’a condamné à vingt-quatre mois de prison, dont six avec sursis.

Soutien-gorge arraché

Les mains croisées dans le dos, Frédéric écoute le récit de la nuit du 5 octobre 2018. Julie P., sa femme, n’a pas faim. Elle se contente d’une soupe pour le dîner. Cela ne plaît pas à son mari. Il trouve sa compagne trop maigre. Pour lui en faire la démonstration, il l’entraîne de force dans la salle de bains pour qu’elle prenne conscience de sa maigreur.

Frédéric ne s’arrête pas là. Il soulève le tee-shirt de son épouse avec tant de violence que le soutien-gorge est arraché. Véronique Maurel, présidente du tribunal, poursuit son récit avec « les humiliations et les crachats » quasi-quotidiens, dont Julie P. était la cible. Le prévenu nie d’un mouvement de tête et bafouille des mots incompréhensibles. Reste qu’un certificat médical atteste de sept jours d’incapacité totale de travail (ITT).

Bras cassé

Aussi terrible que ce soit à dire, ce n’est presque rien à côté des 30 jours d’ITT, qui ont été prescrits à Julie P., à peine un mois plus tard, le 6 novembre. Cette fois, toujours ivre de rage, Frédéric brise le bras de sa femme. Il raconte la scène ainsi : « Pour m’attendrir, elle a voulu passer son bras derrière ma tête, mais j’ai levé le mien, ce qui lui a cassé le sien. » Il l’accompagne alors à l’hôpital d’Auch pour qu’elle puisse être soignée. Julie P. devra attendre de se retrouver seule avec un anesthésiste pour raconter ce qu’elle vient de subir.

Frédéric a du mal à reconnaître les faits. Il concède avoir été violent, mais sans avoir voulu l’être. « Je suis allé à un groupe de parole. J’étais l’un des rares à reconnaître les faits », assure-t-il.

Insultes et brimades

Dans la foulée, la juge ouvre un autre dossier, celui de Vanessa, sa fille âgée de 14 ans. Convoquée par les enquêteurs, l’adolescente raconte les insultes et les brimades. « Elle parle de coups, de cris, de pain craché sur elle, d’un chat battu à coups de pied », énumère Véronique Maurel. « Des attouchements sexuels, aussi ? », réplique Frédéric, comme pour nier ce qui vient d’être dit.

Le tribunal lui reproche aussi d’avoir été violent avec Vanessa, le 5 septembre dernier. Le mis en cause ne veut rien entendre. Pour lui, il n’a fait que protéger sa fille de son ex-femme. Il serait le seul à l’engueuler. « J’avais le mauvais rôle », avance-t-il. De quoi exaspérer jusqu’à son avocate.

Humiliation constante

« Pour comprendre ce que Frédéric R. pense des femmes, il faut écouter sa mère. Selon elle, il les considère comme ses biens », plaide Maître François Roujou de Boubée, avocat des parties civiles. Et de poursuivre sa démonstration en évoquant « l’humiliation constante » vécue par ses clientes.

« À écouter Frédéric R., nous pourrions avoir tendance à considérer qu’il est la victime de deux jeunes femmes. (...) On ne frappe jamais par amour », assène Charlotte Beluet, procureure de la République. « Oui, ce sont des dossiers abjects. Maintenant, il faut s’intéresser au cadre légal, car nous sommes dans un tribunal », tente de désamorcer Maître Sandra Vazquez. Une défense que Frédéric met à mal en prenant la parole pour la dernière fois. Après une courte délibération, le prévenu retourne en prison pour dix-huit mois.


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